Vous l’avez compris, nous allons, aujourd’hui, nous intéresser à l’archéologie de la mort en Normandie. Nous voulions vous faire découvrir ce thème, qui est d’ailleurs assez peu développé pour le grand public, et également, par notre travail de recherche, d’assouvir notre curiosité pour un sujet que nous connaissions mal[3].
Nous voulions essayer
de comprendre les traces laissées par les hommes ayant vécu sur notre
territoire au travers de leur mort. L’archéologie était une nouvelle approche
pour nous de surcroît avec l’aspect funéraire. Mais comme tous les apports
historiques, les nécropoles, autrement dit la ville des morts, doivent être
analysées avec un regard critique. Une de nos prénotions était de considérer
que la façon de prendre soin des morts dans une société permettait d’en
apprendre plus sur sa culture et ses traditions. Mais tout comme les écrits qui
ne sont pour certaines époques que le reflet de l’élite ou l’aristocratie, les
nécropoles n’accueillent pas la totalité de la communauté. De plus les
pratiques funéraires ne reflètent pas le monde des vivants mais plutôt la
manière dont ils voient leur monde. Ainsi “le processus mortuaire se
caractérise par une succession d’étapes porteuses de discours et de messages de
la communauté et des proches du défunt”. Bien qu’une grande partie de la
cérémonie échappe à l’archéologue, il lui reste la dernière étape avec la mise
en terre de la personne décédée[4].
Avant de rentrer dans
le vif du sujet, nous souhaitons vous proposer d’abord un article introductif
pour vous présenter un peu l’archéologie dans son ensemble puis de poser les
cadres de notre recherche.
L’archéologie funéraire
prend jour au VIème siècle avec Grégoire de Tours. Des sépultures sont
découvertes lors de la construction d’un édifice religieux. Guibert de Nogent,
un des moines, décrit ces tombes : “la disposition des tombes n’est pas
du tout la nôtre, mais on les voit groupées en cercle autour de l’une d’entre
elles ; en outre, dans ces tombes on a découvert des vases qui ne semblent
correspondre à aucun usage des temps chrétiens”. Dès cette époque, on
essaye de trouver des explications à la fois chronologiques et culturelles[5]. L’intérêt pour l’archéologie funéraire
connaît par la suite de nombreuses évolutions. Durant l’époque moderne, il y a
peu de découvertes de tombes ce qui peut s’expliquer par l’attention toute
particulière des archéologues tournée vers les fouilles de monuments grecs et romains.
Le 19ème siècle est consacré aux recherches sur les fossiles et les sépultures
riches en mobilier.
Le 20ème siècle, en
revanche, peut être considéré comme une période charnière : on s’intéresse
maintenant à des périodes très anciennes, comme le Paléolithique[6]. Les approches sociologiques évoluent
également. Robert Hertz parle de la dimension sociale des rites funéraires et
constate une différence de traitements funéraires en fonction de la personne,
des particularités de sa mort, ou bien de son âge. Quelques années plus tard,
c’est Arnold Van Gennep qui s’intéresse aux rites de passage. Il détermine
plusieurs étapes pour le passage de la vie à la mort : la phase préliminaire,
l’inhumation du défunt ; la phase dite liminaire avec les pratiques rituelles
en elles-mêmes ; puis, pour finir, la phase post liminaire qui est la levée de
deuil pour les vivants. Dans les années 1950, une typologie est développée par
André Van Doorselaer, encore utilisée aujourd’hui. Ce dernier crée une grille
d’observation très précise en fonction de “la gestuelle du cadavre”. Il met
l’accent sur le transfert ou non des os hors du bûcher, du dépôt dans les
tombes, du transfert de résidus de combustion hors du bûcher[7].
Un autre tournant est
l’instauration des lois et décrets durant les années 1980-1986 permettant de
mettre en place l’archéologie préventive[8]. Mais c’est plus tard, en 2001, que la grande
loi (“loi cadre” en terme juridique) régissant l’archéologie préventive voit le
jour. Elle est modifiée en 2016 par la loi relative à la liberté de création, à
l'architecture et au patrimoine[9]. Cette dernière affirme le “caractère
public de l’archéologie préventive, géré par l’Etat, et sa vocation
scientifique”. Naît de cette loi l’Institut national de recherches
archéologiques préventives (INRAP) en 2002. Cet institut réalise des fouilles
archéologiques dites “préventives” remplaçant ainsi “l’archéologie de
sauvetage”. Ainsi en 2018, par exemple, 225 fouilles sont réalisées, 31
expositions organisées et 644 publications scientifiques publiées...[10]. Cette archéologie a donc pour but de lutter
contre la destruction des traces du passé. L’archéologue fouille des endroits
non pas qu’il a choisi mais qui vont être détruits. En plus de changer la
manière de travailler, ces fouilles permettent de récolter de nombreuses
informations sur une multitude de périodes, ce qui n’était pas le cas
auparavant. Auparavant, certaines périodes étaient favorisées par rapport à
d’autres[11].
Bien que l’archéologie
préventive soit devenue la principale source de découverte de sites, dont des
nécropoles, à l’heure actuelle il existe également un autre moyen pour les
repérer : l’archéologie programmée. Lorsque des fouilles sont préparées et organisées,
des prospections sont prévues. Plusieurs types de prospections existent. Ces
dernières sont des explorations méthodiques d’un lieu pour trouver des indices
archéologiques. Elles peuvent être “non destructrices” : terrestres avec
ramassage de surface et observation des microreliefs ; aériennes pour repérer
les anomalies de terrain comme les anomalies de mise en culture, de variation
de couleur ou part des méthodes géophysiques. Puis elles peuvent être
“destructrices” : le décapage est une technique de fouille consistant à dégager
une grande surface de terre pour retrouver les différentes strates et
interpréter les détails de leurs imbrications ; le carottage est une technique
visant à étudier les couches de terres successives à l’aide d’un échantillon cylindrique
appelé carotte ; enfin le sondage jusqu’au sol vierge sur une très petite
partie de terrain constitue une véritable fouille.
Après avoir choisi cette
vaste discipline, nous devions délimiter notre sujet. Nous nous sommes tournés
très rapidement vers l’antiquité. Cet intérêt particulier pour cette période
ancienne s’explique par la totale opposition avec nos sociétés actuelles. Très
vite nous nous sommes aperçu de son intérêt pour notre sujet qui s’annonçait
évolutif. Nous avons donc décidé de traiter des pratiques funéraires du Second
Âge de Fer aussi appelée La Tène (-450 ; -50), jusqu’à environ 395 après
Jésus-Christ avec la mort de Théodose Ier.
Nous avons choisi de
débuter par la Tène pour connaître les pratiques funéraires qui précèdent directement
la conquête romaine. De plus, le début du Second Âge du Fer concorde avec le
morcellement des Celtes en peuplades qui deviennent, au fur des siècles, de
plus en plus hiérarchisées avec l’influence du modèle cité-État que l’on trouve
chez les Grecs ou les Étrusques[12]. Ces principautés sont contrôlées par des
familles aristocrates qui entretiennent des relations diverses dont César se
servira pour les asservir durant la guerre des Gaules.
Les années 380 après
Jésus-Christ sont un véritable tournant religieux pour les chrétiens. En effet,
avec l’arrivée de Théodose Ier au pouvoir, on peut réellement parler du
Christianisme comme religion d’État. C’est également durant ce siècle que l’on
voit apparaître les premières églises. Cette date nous permet de comprendre
qu’un changement s’opère au sein de l’Empire, et donc des sociétés
gallo-romaines, car les empereurs deviennent de plus en plus chrétiens et
imposent le christianisme comme réel procédé. En prenant cette date, nous
comprenons que l’Empire romain devient de plus en plus homogénéisé et donc que
les pratiques funéraires vont commencer à être en tout lieu équivalentes. Cette
période de 800 ans nous permet donc de voir la société celtique qui existait en
Gaule avant l’influence romaine puis voir la transition progressive qui a donné
naissance à des sociétés profondément gallo-romaines avant le bouleversement
chrétien.
Concernant le cadre
géographique, nous nous sommes très vite tournés vers des lieux que nous
connaissons. Notre premier choix était de travailler sur la Cité des Calètes
qui correspond aujourd’hui au Pays de Caux et une partie du Pays de Bray. Bien
que nous ayons des informations sur leur capitale, Juliobona[13], ce choix s’est avéré trop restrictif. Le
manque d’informations était trop important. Le choix inverse s’est donc imposé
à nous : élargir nos recherches à la Normandie entière afin de trouver des
sites plus documentés.
Nous nous sommes donc
concentrés sur trois sites que l’on qualifie de “majeurs” au vu de leur
documentation importante : Cottévrard, Évreux (Clos-au-Duc) et Pîtres.
Néanmoins, nous avons réuni aussi de nombreux sites que nous considérons comme
“mineurs” avec une documentation incomplète mais qui peut être utile pour
illustrer certains propos. Nos trois sites se concentrent autour de la Seine
ainsi qu’autour de la ville de Rouen[14]. Nos sites concernent différents peuples
gaulois : les Veliocasses et les Aulerques Eburovices[15].
Pîtres est une ville
située dans le département de l’Eure. Sa nécropole est découverte en 1974 suite
à l’ouverture d’une carrière[16]. Cette nécropole fait environ 4 000 m² et se
situe près d’habitations datant de l’Âge du fer et à l’ouest d’un centre urbain
gallo-romain. En 2006 et 2008, E. Mare de l’INRAP effectue le diagnostic et la
fouille de la zone sud-ouest de cette nécropole. Cela a permis de trouver 111
sépultures datant à la fois de l’ Âge du fer ainsi qu’à la période
gallo-romaine.
Cottévrard est une
commune de Seine Maritime, à la limite du Pays de Caux et du Pays de Bray[17]. C’est lors de fouilles préventives en amont
de la construction de l’A29 que ce site est découvert. Il est fouillé sous la
direction de Gertrude Blanquaert en 1994[18]. C’est plus précisément la plaine de
Bucaille qui nous intéresse ici. C’est un vaste plateau délimité sur ses côtés
ouest et nord par la vallée de la Dreule[19]. Il est d’une altitude moyenne de 165
mètres. L’occupation de la nécropole se fait durant la totalité de la
Tène.
Enfin, Clos au Duc est
un site datant de l’époque antique. Le monde des vivants occupait les rives de
l’Iton, rivière présente à Évreux tandis que le monde des morts occupait le sud
de la ville le long de la route reliant Évreux à Chartres. Les premières traces
d’occupation pour ce site ont été datées du 1er siècle avant JC. À l’époque de
la Gaule Antique, Évreux était une grande capitale historique, celle du pays
des Aulerques Eburovices[20]. Elle devient, avec l’arrivée des Romains,
une ville très romanisée, appelée Mediolanum Aulercorum. On pouvait y trouver
des thermes, des villae, des théâtres… Avec les nombreuses fouilles
réalisées sur ce site, on a retrouvé 250 sépultures à incinération et à
inhumation[21].
En plus d’avoir eu du
mal à délimiter une zone géographique, nous nous sommes parfois heurtés à des
problèmes propres aux sources archéologiques. Certains rapports de fouilles ne
sont pas communiqués dans leur totalité, des fouilles trop récentes ne
permettent pas d’avoir des rapports effectués. Il y a également le problème de
la vétusté de certaines fouilles… De plus le langage très scientifique de
l’archéologie est parfois compliqué au premier abord. En effet, ces rapports
sont communiqués de manière scientifique et non pour le grand public.
Nous avons quand même
réussi à trouver des documents intéressants via l’INRAP, Gallia, Gallica, mais
également les ouvrages disponibles aux différentes bibliothèques de
l’agglomération Havraise dont notamment deux outils précieux : les Cartes
archéologiques de la Gaule et les Journées Archéologiques de
Haute Normandie.
La Normandie telle que
nous la connaissons aujourd’hui était entourée et donc influencée par la Gaule
Belgique et la Gaule Celtique, se situant au sud de la Seine. Il faut donc
comprendre que deux espaces géographiques se distinguent lors de la Tène. Nous apercevons
une zone entre la Seine, l’Eure et l’Andelle qui est un milieu très bien
développé avec de grandes nécropoles comme Pîtres. Puis dans la vallée, le
paysage est différent, avec de grandes pentes raides, des zones humides et donc
un environnement moins propice à un développement sociétal[22].
En ce qui concerne les
pratiques funéraires gauloises en Gaule du Nord, la norme est principalement un
défunt habillé, en position décubitus dorsal, avec la tête vers le sud, déposé
dans une tombe avec de multiples objets[23]. Le plus fréquemment sont retrouvés des
coffrages en bois au fond d’une fosse calés avec des pierres. Au-dessus est
installé un tertre c’est-à-dire une surélévation de terre, un marqueur de
sépultures[24]. Cependant peut être déposé le plus
simplement possible, un corps en pleine terre. Durant le Haut-Empire, la
crémation du corps et du mobilier devient la norme. Des bûchers sont aménagés à
même le sol[25]. Au IVème siècle, la crémation devient
exceptionnelle, on a un retour aux anciennes traditions avec la réapparition du
coffrage de tuiles, des cercueils de plomb, des sarcophages en pierre.
En ce qui concerne la
structure sociale gauloise, les druides détiennent une place importante. Ils
sont les gardiens des traditions religieuses, sont chargés de l’éducation, de
la justice et des cultes[26]. Dans les textes antiques est mis en avant
la ressemblance des dieux gaulois à des dieux romains bien que les premiers ne
soient jamais représentés. Entre le 1er siècle avant JC et le 1er siècle après
JC, l’influence romaine devient très forte et l’on voit des représentations
romaines apparaître[27]. La Romanisation des sociétés commence. La
religion gallo-romaine témoigne de l’assimilation des deux cultures. En effet,
l’archéologie met au jour un lien entre divinités gauloises et romaines.
Les Fana constitue le principal exemple. Ce sont des édifices
hybrides “adaptés à l’évolution des cultes indigènes dans le nouveau
contexte impérial”[28]. Une question s’est donc très vite
posée à nous : comment la présence romaine a influencé les rites funéraires en
Normandie ?
Nous avons décidé
de découper cette série d'articles de façon à suivre un plan
thématico-chronologique afin de réussir à voir les différentes évolutions dans
les grandes thématiques de l’archéologie funéraire qui sont : la façon de
s’occuper des corps (Article 1), les objets retrouvés à leur côté (mobiliers ou
offrandes) (Article 2) et enfin la manière dont les défunts occupent l’espace (Article
3).
À suivre…
Guilbert Vincent,
Doubremelle Clémentine & Laulanet Capucine.
Annexes
Annexe 1 : Sites “majeurs”
Source : google map.
Annexe
2 : Peuples de Normandie
Source
: MUSAGORA, http://www.cndp.fr/archive-musagora/gaulois/regions/normandie.htm
[1] Lola Bonnabel invité par
Vincent Charpentier dans le salon noir sur France Culture, 14/03/2012.
Disponible sur https://www.franceculture.fr/emissions/le-salon-noir/archeologie-de-la-mort.
[2] Institut national de recherches
archéologiques préventives.
[3] Cette série d’articles sur l’archéologie
funéraire reprend notre dossier d’initiation à la recherche (DIR) réalisé en
2018 sous la direction de Mme Elisabeth Robert-Barzman.
[4] Lola Bonnabel, Archéologie de la
mort en France, Paris, La Découverte, 2012, p. 22.
[5] Lola Bonnabel, Archéologie de la
mort en France, Paris, La Découverte, 2012, pp. 10-12.
[6] Ibidem, pp. 14-16.
[7] Ibid., pp. 68-69.
[8] Ibid., pp. 18-19.
[9] INRAP, Législations, procédures,
financements, 2016 [en ligne]. Disponible sur : https://www.inrap.fr/legislation-procedures-financement-9720.
[10] INRAP, Les Chiffres clés 2018,
[En ligne]. Disponible sur https://www.inrap.fr/chiffres-cles-12977.
[11] Lola Bonnabel, Archéologie de
la mort en France, Paris, La Découverte, 2012, pp. 18-19.
[12] Franck Perrin, Archéologie
funéraire, Paris, Errance, Collection “Archéologiques”, 2007, p. 93.
[13] Actuelle ville de Lillebonne.
[14] Voir annexe 1.
[15] Voir annexe 2.
[16] Yves-Marie Adrian, Eric Mare &
Fabien Pilon, “Le quartier sud de la nécropole de Pîtres (Eure). Aperçu des
résultats de la fouille de 2008”, Journées Archéologiques de
Haute-Normandie Alizay, 20-22 juin 2014, Mont-Saint-Aignan, Presses
universitaires de Rouen et du Havre, 2015, p. 111.
[17] Geertrui Blancquaert, “Cottévrard “La
plaine de la Bucaille” (Seine-Maritime). Présentation préliminaire de la
nécropole laténienne”, Revue archéologique de Picardie, n°1-2, 1998, p.
171.
[18] Association Française pour l’étude de
l’âge de fer, bulletin n°15, 1997, http://www.afeaf.org/bibliotheque/Bulletins_afeaf_pdf/Bulletin_AFEAF_15-1997.pdf.
[19] Isabelle Rogeret, Carte
archéologique de la Gaule, La seine-Maritime 76, Paris, Académie des
inscriptions et belles-lettres, 1997, p. 195.
[20] Alexandre Vernon, “Evreux : la jolie
cité”, Patrimoine Normand [en ligne] mis en ligne en 2004.
Disponible sur http://www.patrimoine-normand.com/index-fiche-30219.html.
[21] INRAP, Le Clos-au-Duc à Évreux
(Eure) [en ligne], 2011. Disponible sur https://www.inrap.fr/le-clos-au-duc-432.
[22] Georges Bernage, “Les Gaulois et la
mort en Normandie”, Patrimoine Normand [en ligne], mis en
ligne en 2009. Disponible sur http://www.patrimoine-normand.com/index-fiche-30426.html.
[23] Ibidem.
[24] Ibid.
[25] INRAP, Antiquité Gallo-Romaine
[en ligne], mis en ligne en 2007. Disponible sur https://multimedia.inrap.fr/userdata/chr_fiche_pdf/0/90/90_fichier_Pantiqt_religion.pdf.
[26] “Druides”, CNRTL [en
ligne], 2012. Disponibilité et accès http://www.cnrtl.fr/definition/druide.
[27] Vincent Charpentier. Les druides,
les vrais [audio]. France culture, 2016. Intervenant Jean-Louis Brunaux.
Carbone 14, le magazine de l’archéologie. Disponible sur https://www.franceculture.fr/emissions/carbone-14-le-magazine-de-larcheologie/les-druides-les-vrais.
[28] INRAP, Antiquité Gallo-Romaine
[en ligne], mis en ligne en 2007. Disponible sur https://multimedia.inrap.fr/userdata/chr_fiche_pdf/0/90/90_fichier_Pantiqt_religion.pdf.
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