Travaux de la municipalité Havraise 1919-1925

 

1919, Le Havre sort difficilement de la guerre, les hommes reviennent, les travaux reprennent, un nouveau maire fait son apparition : le radical-socialiste Léon Meyer[1]. Il restera au pouvoir jusqu’à être destitué par le gouvernement de Vichy en juin 1940. L’homme est un anticommuniste, réputé bon gestionnaire et proche de la droite laïque[2]. Nous nous intéresserons ici aux travaux lancés par sa municipalité pendant son premier mandat, donc de 1919 à 1925. La guerre est tout juste terminée lors de son élection cependant les problématiques à résoudre sont nombreuses : sociale, culturelle, économique… La ville et son identité sont à reconstruire.


            Nous commencerons par un des points qui tient à cœur au nouveau maire Léon Meyer : "La lutte contre la vie chère". Notre homme va décider d’importer de nombreux produits pour réduire au maximum le prix des denrées. Les œufs viennent du Maroc, le bétail d’Argentine, le beurre du Danemark. Des allocations sont créées notamment dans le domaine des arts et de la culture. Des crédits (46 000 francs) sont débloqués par la municipalité pour diminuer le prix des loyers des logements occupés par des familles nombreuses des cités-jardins du Haut-Graville et de Frileuse.

            Autre domaine important : celui de la sécurité. En effet la ville se voit dotée en l’espace de 6 ans de près de 1 200 lanternes à gaz, avec une grande partie de lanterne dite à becs Sugg, plus intense et plus lumineux. Ces lampes éclairent jusqu’à 1h du matin en règle générale. L’éclairage permet de limiter et de réduire les agressions ou les vols. S’ajoute à cela une augmentation des services de police et de pompier. En 1919 on trouve 354 unités de police, en 1920 : 390 et en 1925 : 457, ce qui représente une augmentation de 25%. Pour ce qui est des pompiers on compte 17 unités de plus, ce qui en fait 84 en 1925. En 1912, la caserne des Sapeurs-Pompiers est détruite est partie, ainsi de nombreux sapeurs logent depuis à l’extérieur de celle-ci. Une nouvelle est construite rue Dumé-d’Aplemont, terminée en décembre 1925 et permet le logement de tous les pompiers. De plus le nombre à comme nous venons de le voir augmenter ce qui permet d’installer un petit poste de pompier à l’entrée de la forêt de Montgeon. Des bouches d’incendie sont ainsi construites à Graville, une pompe est installée dans le poste de Montgeon pour protéger les Acacias, Frileuse, et la Mare-au-Clerc. À partir du 2 juillet 1924, 58 postes d’alarme sont placés aux quatre coins de la ville. Le Havre se dote donc d’un système anti-incendie efficace sur tout le territoire.

            Enfin le dernier point aborde la question de l’environnement ainsi que de la propreté. Le « gouvernement Meyer » met en place une politique d’embellissement de la ville. De nombreux jardins et parcs sont ainsi mis en place. Une fontaine monumentale est créée au centre du nouveau square place Carnot. Sur la place Gambetta, et autour du monument de la Victoire sont installés de nombreux parterres de fleurs. La forêt de Montgeon est transformée, nettoyée et aménagée elle sert maintenant de lieu de promenade aux citadins, de plus un hippodrome est également aménagé, deux objectifs : le premier il constitue un très bel embellissement pour les visiteurs. Le deuxième : remplacer l’hippodrome de la plaine de l’Eure et permet ainsi de relancer les courses hippiques qui ont lieu deux fois par an. De nombreuses statues et monuments sont également érigés, rappel du passé glorieux, mais douloureux de la ville. L’exemple le plus probant est le monument de la Victoire inauguré le 3 aout 1924, rappel des Havrais disparu pendant la guerre ainsi que le monument de l’Amiral Mouchez qui a vaillamment défendu le Havre en 1870. La municipalité décide également d’entretenir les bâtiments communaux, avec la guerre cela laisser à désirer. Ainsi ce sont 200 bâtiments qui sont à la charge du service d’Architecture de la ville. Ce dernier compte 26 maçons, 14 couvreurs, 15 menuisiers, 8 serruriers, 5 fumistes, 9 peintres et 7 électriciens. Les travaux perpétrés par ce service sont nombreux : 

- Installation de l’éclairage électrique au Lycée de Jeunes Filles ;

- Montage de la fontaine place Carnot ;

- Réparations des clochers des Églises Saint-Michel et Saint-Vincent de Paul ;

- Réparation de la façade du Musée des Beaux-Arts…

La municipalité reprend également les travaux en cours, arrêté par la guerre. De facto la caserne des pompiers est réalisée, une école maternelle à Graville-Centre est terminée. Les crédits pour la caserne s’élèvent à 4 736 000 francs et 540 000 pour l’école maternelle. Cependant comme nous l’avons vu, les constructions sont nombreuses et nous pouvons nous demander d’où vient l’argent. Dès 1920, la ville emprunte plus de 31 millions de francs pour financer ces projets[3]. 



[1] Le Petit Havre, 8 décembre 1919.

[2] Eric Saunier, John Barzman, Histoire du Havre, Paris, Privat, 2017, p. 286.

[3] D1 8 12 AMLH, rapport de Léon Meyer sur la gestion de son mandat.


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